Who's the goof ?
Si vous êtes amateurs de ces drôles de types qui font du bruit depuis leurs guitares électriques, arborant fièrement des cornes de diable la chauve-souris en bouche, il est très probable que vous le connaissiez déjà. On doit en effet à cet ex-rédacteur en chef du magazine Best la création de Crossroads. Il a aussi dirigé Fluide glacial, crée le magazine de cinéma BRAZIL et l’association BLUE INDIENS. Si vous êtes cinéphiles et détestez Luc Besson (ce qui n’est pas incompatible et désormais autorisé), vous apprécierez son article cinglant publié dans Brazil à propos du boss d’Europa - un papier largement relayé dans les médias, Gros Bill ayant poursuivi en justice le Goof pour ses propos. Ce surnom ne vous dis toujours rien ? Alors allons à l’essentiel !
Photo © Eddy Brière
Christophe Goffette est un touche à tout, passionné de cinéma et d’univers alternatifs, indépendant
(je crois qu’on dit frondeur de nos jours), journaliste depuis plus de 25 ans.
Pré-affiche signée Reza Benhadj.
Son actualité ? Il vient de terminer son premier film ! Un projet en chantier depuis maintenant 5 ans. Ce long métrage, tourné à l’arrache, sans budget, fait d’entre-aides, de sueurs, d’idées barrées et de patience... en est à sa phase de post-synchro. Une fois monté «Uchronia » (son titre définitif) devrait durer 1H40. Le casting réuni quelques zuns et zunes de ses potes et potesses comme : Terry Guiliams, Chantal Lauby, Zoé félix, Johan Kounen, Maurice Bartélemy et Noel godin notamment, soit plus de 40 acteurs ou actrices au total - et pas des moindres !
Or c’est maintenant que vous pouvez intervenir ! Le goof vous propose en effet de participer à cette ultime étape (pour bien finaliser et distribuer le film). Quelques contributions originales et atypiques vous seront offertes en échange. Comment ça vous ne souhaitez pas diner avec Zoé Félix ou Terry Gilliam ?
Le lien du Kickstarter est juste là =>
https://www.kickstarter.com/projects/1384014760/uchronia-un-long-metrage-de-christophe-goffette
Pour avoir plus de détails sur la genèse de ce film, par ailleurs, vous pouvez aussi lire son interview ci-après toute fraiche du jour !
L'ITW !
Salut Christophe ! Alors dis-moi (entendre ici un ton à la Ardisson, non reproduit par la suite - on est sur MSN !) : Comment résumerais-tu le sujet de ton film ? Pour quelqu'un qui n'aurait pas les références citées dans le speech d'origine surtout… Je remets ci-dessous le speech présent sur la page Kickstarter du coup :
UCHRONIA (un long-métrage de Christophe Goffette)
Imaginez "1984" d'Orwell adapté pour Kaurismäki par Groucho Marx, Kafka et Philip K. Dick —et avec les Monty Python. Voilà UCHRONIA !
Christophe Goffette...
Résumer le film pour ceux qui n'ont pas connaissance de ces références, c'est difficile. S'ils n'ont aucune de mes références, ils n'adhèreront pas au film, je pense… Mais pour simplifier, disons que c'est un monde en soi, différent mais pas tant que ça, du nôtre, où les gens sont un peu comme un élevage de consommateurs. Ils ont des boulots débiles, qui ne servent à rien, sauf à leur faire gagner des crédits qu'ils dépensent en achetant des trucs tout aussi inutiles. Tous les intérieurs sont munis de télés géantes, qui ne s'éteignent pas et dont on ne peut pas baisser le son. Il n'y a qu'une chaine, TV one, qui chie de la pub et des émissions débiles en permanence. Les gens ne se parlent plus, communiquent par une espèce de réseau mondial très intrusif qui leur donne par exemple leur nombre de branlettes autorisées dans la semaine, etc. Là-dessus, mes deux personnages principaux vont vivre les premières étapes d'un couple (premier rendez-vous, etc.), sauf que rien n'est tout à fait comme on l'entend nous… Ajoute à cela des sollicitations permanentes qui les font se retrouver dans des endroits assez dingues, etc.
Je trouve ça plus vendeur, résumé comme ça personnellement.
C'est toujours plus vendeur quand je rentre dans le détail, oui, mais je ne voulais pas le faire sur la page Kickstarter, je préfère rester plus évasif. Aussi, je ne voulais pas que les textes fassent trois kilomètres (surtout que je devais tout traduire).
Et ça me permet de raconter des choses différentes en interview !
D’où t’es venue l’idée de ton histoire ?
L'origine du film ?… J'étais à Cannes, je regardais cette fourmilière et je trouvais ça hallucinant autant de gens qui vivaient du cinéma mais pas pour le cinéma. J'ai commencé à rêvasser et à me dire qu'avant c'était forcément mieux (air connu). Et puis, quand on parlait de cinéma, à la télé notamment, on parlait de pognon, de pognon et encore de pognon. J'ai donc mélangé tout ça avec mes différentes colères contre cette saloperie qu'on pourrait résumer comme étant "le système", et j'ai décidé de tout distordre en allant vers l'absurde.
Comment s’est déroulée l’écriture de ton film ?
Tout a été écrit par plusieurs strates successives. En général, chaque rôle parlant (tous ne le sont pas, et il y a une raison à cela, mais… surprise) a été écrit une première fois dans le scénario, puis une seconde fois pour l'acteur ou l'actrice en particulier, quand celle-ci ou celui-ci a confirmé sa participation. Enfin, je ne donne le scénario et les dialogues qu'au tout dernier moment et souvent je les réécris le matin même, ou disons je les bouge un peu, je les bouscule (les dialogues, pas les acteurs- encore que !) pour que ça reste spontané et frais, parce que je ne veux pas que ce soit « récité ». Une fois encore, cette façon de procéder est lié au film lui-même, mais ça je ne peux pas vraiment l'expliquer en amont.
Là-dessus, je compose aussi en fonction des uns et des autres. Par exemple, pour Gilliam, vu qu'il joue 8 personnes en même temps et que le découpage était super précis, on a changé au fur et à mesure car il ne respectait rien du timing prévu ! …
Est-ce qu’il y a une ou deux réplique(s) dont tu n’es pas peu fier ? Une scène en particulier ?
Je suis assez content des dialogues. J'y ai apporté un soin tout particulier. C'était important, car il s'agit de manipulation la plupart du temps, il fallait donc que certains mots reviennent, certaines formulations même, que ça en devienne abrutissant parfois. Le but était de refléter cet aspect-là de la société, mais toujours en allant vers l'absurde…
Côté scènes, il y a des fulgurances, mais je ne sais pas si ce sont mes moments favoris, je ne cherche pas à accrocher les rires en fait. C'est une comédie où il ne fait pas bon rire, je crois, ahah… J'aime beaucoup les scènes de l'agence first rendez-vous (mes deux personnages vont consulter pour voir s'ils sont autorisés à être en couple) et de l'agence first fuck (ils découvrent les joies de la galipette effrénée et, idem, veulent en être !) parce qu'elles se répondent, parce que la seconde est un peu une scène miroir de la première. Les plans avec le dealer (Thomas vdb) sont très bien aussi, la vidéo-conférence avec les 8 Terry Gilliam, la scène d'animation avec Jan Kounen en ouvreuse de cinéma en lévitation…La scène de Novöel (contraction de Noël et nouvel an), mais où rien ne va comme prévu, etc., en fait, tout me plait… J'ai essayé justement de ne pas garder —à l’écriture— des choses qui me paraissaient en deçà…
Un ajout imprévu amené par un acteur ou une actrice et qui devrait booster la réussite du film ?
Pour ce qui est de l'apport des acteurs, tous ont joué le jeu à la perfection – c’est le cas de le dire ! Tous ont donné le meilleur. Parfois, ils étaient un peu à contre-emploi (Chantal Lauby), voire complètement hors de leur zone de confort (Fred Chau), mais tous ont bien assuré. La scène qui m'a le plus éclaté, et c'est celle qui a été vraiment faite à l'arrache, c'est l'intervention piratée des terroristes du FkidiNNN, « le Front qui dit non non non ». J'ai expliqué ça à Noël Godin et Jean-Marc Rouillan, on a été dans les chiottes du cinéma où ils étaient venus présenter le nouveau (très bon) film de Jean-Henri Meunier, et on a fait 4 prises avec un iphone !!! Les trois premières, je n'arrivais pas à ne pas rire… mais la quatrième, la plus réussie en plus, est la bonne ! Je précise : c'est tourné à l'iphone car c'est censé être ensuite du piratage télévisuel et informatique. C'était inutile d'avoir une image propre pour la sagouiner ensuite, autant avoir déjà un truc un peu brut de pomme. Et de toute manière, ça s’est fait comme ça ! J’ai écrit le texte à 19h30, on s’est vu une heure plus tard, à 21h c’était dans la boite et on buvait un chouette vin jour pour fêter ça !!… Et c'est à pisser de rire ! Je la regarde tous les jours, pour le plaisir ! …
Dans ton casting il n'y a pas Jean Rochefort curieusement ... tu sais ce moustachu un peu hautin et spirituel, qui fait beaucoup de premier films ; je crois que tu le connais un peu en plus ...
Rochefort, je ne peux pas dire. Peut-être, peut-être pas… ahah…
Combien de salles vont accepter, d’après toi, de distribuer le film et cette « autre proposition » ?
Je ne sais pas combien le film aura de salles, on verra bien, ça n’est pas le plus important. On va d'abord faire les festivals (et des avant-premières que je vais sans doute boucler moi-même) et on verra ensuite (ou en même temps) qui aura envie de le distribuer et comment… Et s'il faut monter une boite de distribution, hé bien, je le ferai !!…
Comment tu t'y es pris pour réunir les fonds au fait avec une telle distribution ?
Pour les fonds, c'est simple… il n'y en a pas !!… Le tournage lui-même, à la base, est "participatif" ! J'ai réuni des gens qui avaient envie de participer au projet, et ça s'est fait comme ça, comme une bande de potes qui s'amusent à créer un truc ensemble. Au final, ça aura peut-être coûté 15 ou 18000 euros, essentiellement de la bouffe et du bon vin !… Parce que si c'est le plus petit budget de l'histoire, pour un casting de ce niveau, c'est aussi le film où on mange le mieux !
C’est un projet entre Mocky et les clefs de bagnoles quoi ^^
Comment s'est constitué ce casting de dingues ... ?
Le casting s'est fait au fur et à mesure… D'abord les plus proches, puis en continuant de rencontrer les gens, etc. Je crois bien que personne n'a dit non, en fait. Il se trouve juste qu'avec certains, on n'a pas trouvé de créneau par exemple —ou que ça s’est mal goupillé. Parfois, ça s'est joué à pas grand-chose. Par exemple, Hélène de Fougerolles devait jouer la scène de l'agence first rendez-vous, et moi je cherchais un lieu (tout rose !). On a trouvé le lieu, mais je ne pouvais tourner qu'un dimanche bien précis et ce jour-là Hélène emmenait sa gamine à Disney pour son anniversaire. J'ai donc basculé sur Delphine Chaneac, que j'avais rencontrée… la veille ! Et dont Vincenzo Natali m’avait dit le plus grand bien. J'ai demandé à Delphine avec qui elle aimerait jouer. Elle a cité Zoé Felix en premier, je trouvais Zoé archi sous-employée, j'ai récupéré son téléphone, je lui ai expliqué tout ça, et trois jours après on tournait !
A quel type d'images faut-il s'attendre ?
Côté image, il y a beaucoup de choses différentes. On a tourné au 5D, à quelques exceptions près, donc ça peut limiter (mais pas tant que ça, en fait, à part si par exemple tu veux avoir un plan séquence et changer dix fois le point de suite…). Il y a des choses très simples, à une ou deux caméras posées, mais il y a aussi des superpositions, il y a du fond vert, il y a des plans à l'épaule, il y a des plans extérieurs très épurés, il y a une scène d'animation, il y a des logos 3D… Ce qu'il n'y a pas, c'est du découpage cut-cut. Sinon, j’essayais d’adapter la mise en scène de chaque scène à la scène en question, avec en tête tout ce qui serait ajouté par la suite, il y a un gros boulot sur le son qui sera fait en post-prod par exemple.
Penses-tu avoir fait quelques emprunts (niveau mise en scène, éclairages…) ?
Côté mise en scène, il n'y a aucun clin d'œil ni emprunt véritable, non. Pour ce qui est des sources d'inspiration, ce sont des réflexions que je me suis faites après coup, je n'ai pas non plus eu conscience de tout ça à l'écriture, mais tous ces auteurs sont des gens que j'ai lus et relus ado et jeune adulte, et encore aujourd'hui, et le mélange de tous ces gens fait ce que je suis, plus ou moins. Ou en tout cas explique ma façon de remodeler les éléments avec lesquels je suis en contact.
As-tu déjà gratté un petit topo qui relaterait tes succès et galères du début du projet jusqu’aujourd’hui ? Un genre de journal de bord d'où sortiraient quelques anecdotes sympas, en plus de ce que tu viens de livrer ici ?…
Tout sera dans le bouquin, avec le steelbook limité numéroté proposé sur kickstarter ! Le bouquin n’existera pas autrement —et il n’y aura jamais de commentaire audio, car il m’est impossible de tout dire tout raconter, il y a trop d’idées, si tant est qu’on puisse avoir trop d’idées dans un film !…
Prévois-tu une bande-annonce bientôt, un trailer comme on dit ?
Il en faut un, oui, mais je ne veux rien faire qui aille dans le sens de l'histoire. Pour l'instant, je suis parti sur une fausse pub de présentation d'une visite guidée de cet endroit, Uchronia, comme un truc pour une espèce de club med, tu vois ?
Monde West ! Il y a plus de studio que d'extérieur ?
Plus d'intérieur que d'extérieur oui, car beaucoup de choses de notre monde n'existent pas dans Uchronia. Il n'y a pas de voitures par exemple, donc ça limite beaucoup les prises de vue extérieures « urbaines ». Surtout que je ne voulais aucun lien physique avec un endroit ou un autre, pas de nom de rue, pas de bâtiment connu, etc.
Subway ?
Commence pas avec les insultes ! ^^
Ça donne envie en tout cas ^^
Honnêtement à l'écriture, je pense que ça se tient vraiment. Il y a 15 idées par plan, c'est très riche, mais en même temps je pense que ça reste fluide parce qu’on reste très proches des acteurs et donc des personnages. Et il y a pas mal de surprises, dont je ne peux pas parler bien sûr…
Je pense qu’on n’a pas mal de choses-là, pour se faire une idée du film. J'ajoute ici la page Facebook pour plus d'infos =>
https://www.facebook.com/uchronia.lefilm/?fref=photo
Quelques questions supplémentaires, pour terminer ! Est-ce que tu peux me citer un truc que tu aimes bien parmi les trucs suivants que tu n'aimes pas ?…
Un disque de rap ?
J'aime bien Body Count, mais ça n'est pas vraiment du rap ! De La Soul aussi me plaisait bien, mais il a de « vrais » musiciens/instruments, ceci expliquant cela…
Body count... et son fameux cop killer
Un jeu vidéo ?
Je joue à Fifa une fois tous les trois mois ! C'est très limité… J'aime bien le saut à ski et le ski sur wii, je faisais ça avec mes mômes quand ils étaient petits… Rien d'extraordinaire et je n'y connais vraiment rien de rien.
Un film de Luc besson ?
Le dernier combat (par défaut), mais pas revu depuis 30 ans !
Une émission TV ?
J'aimais beaucoup "La nouvelle édition" le midi sur Canal avec Ali Baddou, je ne regardais rien d'autre et je ne regarde même plus depuis que ce n'est plus lui !… Si, Tracks parfois…
Ton livre, disque, film de chevet pour finir...
Livre, disque, film de chevet, ça change tout le temps…
Bouquins : En ce moment, je relis plutôt les classiques de l'âge d'or de la SF (K.Dick, Silverberg, Disch, Spinrad, Heinlein, Vance, Sturgeon, etc.), avant de conseiller mes mômes qui sont maintenant en âge de les lire…
Disques : j'ai 12.000 disques, j'écoute de la musique tout le temps, vraiment impossible de faire ressortir quelque chose, j'ai mes périodes, mais elles changent vraiment régulièrement. Ce soir, je n'ai écouté que des trucs US produits par mon pote Eric Ambel, mais demain ce sera complètement autre chose…
Films : avec le temps, j'ai une espèce de peloton de tête… Dans ce peloton il y a des films comme Brazil, Fight Club, Arizona Dream… Mais j'ai aussi mes périodes… je fonctionne beaucoup par réalisateurs, voire auteurs-réalisateurs, ou même scénaristes, plutôt que par rapport aux acteurs ou autres… Et forcément on retombe toujours sur les mêmes : Peckinpah, Fuller, Gilliam, Blier, De Palma, Coen bros, Jarmusch, Winding Refn, Anthony Mann, Ford, Hawks, Kustu, Boorman, de la Iglesia, Verhoeven, Boyle, Tarkovski, Altman, Huston, Lang, Preminger, Romero, Fulci, Jordan, Waters…
Une dernière pour conclure ! Quel nanar conseillerais-tu en film, quel disque curieux dont tu ne sais pas toi pourquoi tu l'as souvent en tête et un juste UN livre STP, pas une librairie ^^ !
Un nanar ?… hum… Les aventures de Jack Burton… oui, le Carpenter. Un vrai nanar pour moi, dans le bon sens du terme.
Côté musique, je n'ai jamais de choses en tête, assez curieusement ! …
Mais dans les choses entêtantes (mais avec un peu plus de distance), ça pourra être la B.O. d'Eddie Vedder pour Into the Wild, par exemple…
Un seul livre… Gilliamesque, le bouquin de Gilliam qui vient de sortir, c'est mon livre de chevet actuel !!!