samedi 5 octobre 2013

LES INDISPENSABLES de la guerre Nintendo-Sega (1/8) par Yace


Yacine Djebili (dit "Yace") est un hardcore gamer (et de longue date). Donnez lui un jeu, d'une difficulté que d'aucuns trouveront rebutante, il ira tant bien que mal jusqu'au bout ! Son passage, Jeudi dernier dans l’émission SUPERPLAY, le démontre une nouvelle fois. Ex-membre de l'équipe du magazine Retro game (le magazine), contributeur prolifique sur shmup.com, il prête régulièrement son concours aux projets du retrogame blog. Cette année, il revient, en une dizaine de chapitre, sur la guerre Nintendo-Sega. Voici l’intro…  
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LES INDISPENSABLES
de la guerre Nintendo-Sega par Yace

De nos jours, le marché du jeu vidéo semble appartenir à une infinité d'acteurs : éditeurs, développeurs, et même amateurs qui grâce à la démocratisation de l'Internet ont partagé leurs créations ludiques, et qui pour certains y ont gagné une certaine notoriété.
Votre serviteur, né en 1978 année de Space Invaders, a donc pu observer cette grande période qui avec le recul apparait comme une ère certes transitoire entre la marginalité première du loisir vidéo-ludique et notre actualité où les jeux vidéo ont acquis d'indéniables galons culturels et populaires, sans pour autant que ce nouvel âge du gaming n'ait réussi à fédérer la totalité de ceux qui s'adonnaient à cette discipline dans les années 80 et 90.

Aujourd'hui, l'évolution technique des supports et la démesure de moyens, apanage de certains jeux dont la place correspondrait à l'industrie ludique comme le ferait un blockbuster hollywoodien à celle du cinéma, a clairement institué une barrière, ou plutôt une distinction. Distinction qu'à l'heure actuelle, même les joueurs ont plus ou moins de mal à définir tant dans son concept que dans sa chronologie. Cette idée est celle du "retrogaming", c'est à dire grosso modo l'activité de pratiquer voire d'étudier d'anciens jeux, tout en cherchant toujours à plus exposer de façon empirique ce qui caractérise un "ancien jeu".


Outre la dimension strictement temporelle, qui tend à limiter le retrogaming à la fin des consoles 16 bits (datée entre 1996 et 1997), certains éléments peuvent également concourir à définir le retrogaming, le plus important d'entre eux étant l'émergence de la 3D dans les jeux, mais à nouveau cet argument peut être réfuté par plusieurs autres idées comme les débuts d'un affichage nouveau, débuts plus longs et pour certains d'autant plus frustrant. S'il est reconnu qu'en effet, nombreux sont les jeux originels à la difficulté soutenue, il serait faux de tenir les productions récentes pour de simples exercices ludiques sans âpreté.
Mais alors, comment expliquer qu'aujourd'hui, une telle différence se soit ainsi manifestée dans le milieu des joueurs ?


Il est donc établi que délimiter la distinction entre les diverses époques du jeu vidéo ne peut se constater de manière manichéenne par les seules caractéristiques des programmes en question. Aussi, bien que cela pût sembler tout aussi évident, le seul indice sérieux dont nous disposons à l'heure actuelle est purement chronologique. Aussi, en lieu et place de définir exactement ce qu'est le retrogaming, il parait tout aussi opportun de s'attacher aux évènements qui marquèrent l'industrie du jeu vidéo en cette période qui se recule toujours plus.

Se référer à cette part de l'histoire devenue célèbre sous une appellation flatteuse d'"âge d'or du jeu vidéo", par exemple. Période marquée par une intense rivalité entre deux sociétés qui tenaient le haut du pavé à grand renfort de supports concurrents et d'une pléthore de titres, qui ont su apporter une nouvelle image de ce média qui émergeait en même temps qu'il se généralisait et était en butte à des attaques plus ou moins justifiées ou saugrenues...

Cette rivalité, un antagonisme véritable exprimé tant de manière créative que publicitaire par l'un et l'autre des constructeurs, opposait Nintendo à Sega. A tel point que les autres participants au marché du jeu vidéo, notamment Atari, Hudson Soft ou SNK, ne semblaient que devoir se partager le reliquat de ce que les deux géants du jeu vidéo laissaient au détour de leur affrontement.

La concurrence donnerait-elle des ailes ? Ce ne fut jamais aussi vrai qu'avec la coexistence houleuse de Sega la bleue et Nintendo la rouge, qui se sont donc livré une vraie bataille rangée peu avare d'allusions pas toujours très fines, comme le désormais connu slogan "Sega does what nintendon't" ou encore "Street Fighter II.

Sega owners...dream on ! If you want to play Street Fighter II, it's got to be Super Nintendo".

Cependant conscients que les capacités respectives de leurs supports ne seraient évidemment pas un argument inépuisable, les deux constructeurs ont misé sur l'étendue des ludothèques de leurs consoles, d'où une incroyable prolifération de titres, allant certes du pire au meilleur...Car au delà de l'affect liant le joueur à l'un ou l'autre des deux belligérants, la première finalité était par évidence purement ludique.


Ainsi, le volume des sorties et l'intense battage médiatique autour des jeux les plus attendus ou emblématiques n'étaient que des armes, celles de cette lutte pour le leadership que se livraient Sega et Nintendo, au grand plaisir des joueurs -et au grand dam des parents qui bien évidemment, avaient pour fonction première de mettre la main au portefeuille !
Car au delà des soucis certes financiers et des espoirs de rentabilité qui finalement faisaient et font l'actualité du jeu vidéo, chaque titre qui venait étoffer les catalogues des machines Nintendo et Sega prenaient, de manière plus ou moins efficace, une part active au dantesque combat des deux ogres de l'industrie des jeux. Les éditeurs eux-mêmes étaient parfois partie prenante à cette lutte, comme Konami qui ne développa sur consoles Sega que fort tardivement après une période d'exclusivité à Nintendo, l'éditeur des séries Castlevania, Gradius et autres détenteur des licences Tiny Toons ou Teenage Mutant Hero Turtles n'arriva chez Sega qu'à une époque où seule la Megadrive assurait encore la participation du fabricant à l'antagonisme face à Nintendo, tout comme Electronic Arts qui se révéla finalement plus que fidèle à Sega, ne développant pour Nintendo que de rares titres et d'une qualité fort discutable. On le voit, Nintendo contre Sega, c'était plus qu'une simple concurrence de marché, mais un véritable leitmotiv industriel, et ce jusque dans les cours de récréation de l'époque...

C'est également au cours de ces années qu'apparurent les titres les plus marquants de cette époque et des éditeurs concernés, au point que certains d'entre eux sont encore aujourd'hui de véritables points de repères de la conception ludique voire des exemples de marketing. C'est précisément dans cette optique que le présent ouvrage entend se situer : à travers une présentation originale et personnalisée de certains de ces jeux, la plus grande rivalité de l'histoire de l'industrie ludique revivra le temps de ces quelques pages, et rappellera -du moins je le souhaite- de bons souvenirs aux teenagers gamers d'antan, devenu trentenaires d'aujourd'hui, qui ainsi se souviendront peut-être de quel était leur clan de l'époque et replongeront dans la magie de ces jeux, plus ou moins connus, plus ou moins réussis, plus ou moins consensuels qui ont été touts autant de balles que s'échangeaient Nintendo, la firme au plombier, et Sega, la firme au hérisson...bien évidemment sans oublier que la présente énumération de titres sera fatalement subjective et que certains d'entre vous pourront s'offusquer de la présence ou de l'absence de leur jeu fétiche, de leur plaisir, bref : de leur participation à cette lutte entre deux monstres sacrés, dont l'un est aujourd'hui toujours aussi actif, là où hélas l'autre a depuis cessé sa production de supports...L'histoire est parfois cruelle, mais les grands temps de la chronologie sont à jamais gravés dans le marbre et seront destinés un jour à être transmis aux futures générations de joueurs qui ainsi, sauront comment est né le jeu vidéo et à quoi jouaient leurs parents, voire grands-parents...


En me plaisant à croire que certains trésors du passé sauront cependant faire consensus, que le spectacle commence : bienvenue dans l'arène avec dans un coin du ring : Nintendo en culotte rouge, et dans l'autre, Sega en culotte bleue !

NOTA BENE : Bien que la rivalité fût la plus ardente sur les consoles 16 bits respectives de Sega et Nintendo, la Megadrive/Genesis et la Super Famicom/Super NES / Super Nintendo, j'ai résolu ici de la généraliser à un schéma établi : les consoles 16 bits donc, mais également les consoles 8 bits (Sega Master System/Sega Mark III et Famicom/Nintendo Entertainment System) ainsi qu'aux consoles portables (Game Gear et Game Boy). Car chacune à leur façon, ces machines ont illustré l'emprise des deux constructeurs sur l'industrie ludique de l'époque.
Le mois prochain, la suite...

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